Reiki, fin de vie et soins palliatifs
Depuis 2002, j'ai la chance de consacrer une part de mon temps à l'accompagnement de personnes en fin de vie. J'utilise fréquemment le Reiki, ou plutôt je l'intègre dans mes rencontres et j'observe depuis 22 ans ses puissants effets, que ce soit par une main tenue ou ma simple proximité au moment du départ. Rapidement, une paix s'installe, la respiration se calme et l'être en partance lâche peu à peu ses peurs et résistances.
Je partage ici une série de questions-réponses qui m'ont été posées dans le contexte d'un travail de diplôme concernant l'usage du Reiki auprès de personnes en fin de vie en milieu palliatif :
Pourriez-vous me parler un peu de vous, vous présenter en quelques phrases et me dire ce qui vous a amené au Reiki ?
Je suis né en 1965 et passionné d'électronique depuis l'adolescence, j'ai débuté une activité indépendante qui m'a amené rapidement à gérer une petite entreprise croissante, atteignant la taille d'une trentaine de collaborateurs peu avant les années 2000. Investi à 200% dans cette activité, j'ai rencontré le Reiki suite au témoignage d'un ami. Observant les effets que le Reiki avait sur moi (calme, paix intérieure, recul, ...), j'ai choisi six mois plus tard de me faire initier au premier degré.
J'ai ressenti alors le besoin profond d'entreprendre un virage professionnel et j'ai vendu mon entreprise afin de me consacrer à des tâches plus orientées vers l'être humain. Répondant à une envie qui couvait au fond de moi depuis l'âge de treize ans, j'ai décidé d'accompagner des personnes en fin de vie à raison de deux jours par semaine au sein de l'unité de soins palliatifs de Châtel-Saint-Denis en Suisse. Le Reiki m'apportant beaucoup à titre personnel, j'ai poursuivi les formations jusqu'à la maîtrise. Depuis 2005, j'enseigne le Reiki principalement en Suisse romande et j'accompagne toujours des personnes en fin de vie dans différents contextes.
Le Reiki, force universelle de vie par définition, s'inscrit souvent dans un processus de guérison. Dès lors, pensez-vous qu'on puisse le pratiquer à l'hôpital, en soins palliatifs par exemple ?
Même s'il est encore difficile d'intégrer le Reiki en tant que tel dans le milieu hospitalier, je suis pleinement convaincu de sa complémentarité avec les soins médicaux. Il faut être conscient qu'une part non négligeable du personnel soignant intègre déjà de sa propre initiative le Reiki dans les gestes quotidiens à l'égard des patients. Le Reiki amène simplement une dimension nouvelle au toucher. Je précise que le personnel soignant est le secteur professionnel le plus présent lors de mes stages d'enseignement Reiki.
Avez-vous déjà fait l'expérience de soins Reiki avec des personnes hospitalisées ? L'avez-vous fait uniquement à la demande du malade ? En avez-vous avisé le corps médical ? Sa famille ? Comment la séance s'est-elle déroulée ?
Oui, j'ai eu à de nombreuses reprises l'occasion de pratiquer des soins Reiki en milieu hospitalier, qu'il s'agisse de traitements locaux ou complets. Le Reiki s'avère par exemple très efficace en situation postopératoire. Mais je l'ai plus spécialement pratiqué en milieu palliatif ou il est généralement apprécié par les patients et accepté par le corps médical. Il est le plus souvent intégré dans les contacts que je peux entretenir avec les patients (une main tenue par exemple). Il faut rappeler que le contact physique tient une place prépondérante chez les personnes arrivées au terme de leur vie. Les traitements complets sont moins fréquents et répondent bien évidemment à la demande du malade ou de ses proches.
Le Reiki faisant partie des méthodes de soins dites alternatives, pensez-vous qu'il puisse aussi aider des personnes en fin de vie, malgré qu'il n'y ait plus d'espoir de guérison ?
Le Reiki aide chacun, là où il se trouve, à avancer sur son chemin, qu'il s'agisse d'une personne bien portante en phase de guérison ou d'une personne mourante s'approchant du départ. Oui, le Reiki est donc très utile pour les personnes en fin de vie, car il apaise celui ou celle qui s'apprête à franchir le grand pas. Il l'aide à dénouer les attachements freinant le processus. Dans un certain sens, le Reiki favorise le départ en aidant la personne à lâcher prise sur les peurs et résistances qui la retiennent. L'envol qui suit est d'autant plus doux et paisible.
Selon les praticiens, le principal bénéfice du Reiki en soins palliatifs est la diminution des doses d'antidouleurs. Avez-vous un avis ou une expérience à ce sujet ?
Même si le Reiki permet bien souvent d'alléger le traitement chimique de la douleur en situation de fin de vie (j'ai pu l'observer à de nombreuses reprises), il n'est de loin pas le principal bénéfice à mes yeux. Ceci dit, il faut savoir que chaque personne réagit différemment et qu'il est donc impossible d'établir des règles générales applicables pour tous. Dans le contexte des soins palliatifs, j'ai vu des personnes pour qui le Reiki était plus efficace que la morphine, mais il serait malhonnête de ma part de l'affirmer comme une généralité.
Chaque situation palliative doit donc être évaluée sans a priori et de nombreuses approches alternatives peuvent parfois compléter efficacement les approches médicales traditionnelles, je pense au Reiki bien sûr, mais également aux fleurs de Bach, à l'aromathérapie, l'homéopathie et j'en passe... C'est le propre de l'esprit "palliatif" de rester centré sur le mieux-être du patient sans se figer sur les moyens qui débordent bien souvent du cadre purement médical.
Pouvez-vous relater une expérience marquante de soins prodigués à une personne souffrante et seriez-vous prêt à en faire le témoignage ? Quel âge avait-elle ? De quoi souffrait-elle ? Comment la personne a-t-elle évolué au fur et à mesure des séances ? La famille était-elle impliquée ?
Il m'est difficile de relater une expérience en particulier, car auprès de personnes en fin de vie, je n'utilise pas souvent le Reiki de manière planifiée et protocolée. Par contre, je l'intègre spontanément dans chaque geste, même s'il peut paraître anodin. En voici un exemple :
J'étais récemment auprès d'une dame malade d'une soixantaine d'années qui avait choisi de mourir à son domicile suite à une longue et pénible maladie affectant principalement ses voies respiratoires. Elle était prête et décidée dans son choix, mais anxieuse de laisser ses proches qui se tenaient à son chevet. Me situant au pied de son lit et sans lui parler de Reiki, j'ai simplement posé ma main sur sa cheville. En quelques minutes elle s'est apaisée. L'anxiété avait disparu et ses tensions s'étaient dissipées. Lorsque j'ai retiré ma main, elle m'a regardé avec un grand sourire en me demandant de la reposer, ce que j'ai fait. Quelques minutes plus tard, elle ingérait la potion létale que je lui avais préparée et s'endormait très paisiblement.
L'importance du geste spontané en fin de vie
Le geste ne doit bien évidemment jamais être intrusif ou envahissant. Lorsqu'il est approprié et attendu, il se fait spontanément. Il est comme un appel, une attraction difficile à décrire par les mots. Dans tous les cas, il facilite grandement le départ de la personne en fin de vie, que celui-ci soit choisi (auto-délivrance) ou naturellement imposé par l'issue de la maladie en soins palliatifs. Le Reiki est pour beaucoup une manière d'apprivoiser ce geste spontané, souvent délicat dans un monde ou le toucher est facilement diabolisé.
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